Politique(s), la méfiance des Français

Publié le par Nathalie Pagani

Le Centre de Recherches Politiques CEVIPOF en collaboration avec l'Institut Mendès - France publie sa 2e vague d'études sur la confiance des Français.

Si l'on constate une augmentation de la lassitude, de la morosité de nos concitoyens, on assiste aussi à un repli sur la sphère personnelle. Et c'est en matière de politique que la méfiance est particulièrement forte et encore en progression par rapport à 2009.

J'ai déjà évoqué ce sujet dans un autre article et c'est d'ailleurs ce qui avait, entre autres, motivé ma candidature aux Régionales et la nature de ma campagne.

Eh bien, même les élus dits de proximité sont touchés par cette défiance. Les maires perdent 13 points quand les conseillers généraux et régionaux en perdent 11. Plus la fonction est éloignée (député, député européen...), plus le sentiment de confiance est faible. Que dire de cet autre chiffre ? : 83% des sondés déclarent ne pas être pris en compte par les politiques. Il y a là un niveau record de fracture entre les responsables politiques et les citoyens.

La crise a renforcé ce sentiment. car beaucoup d'élus se sont présentés comme des filets de protection face aux difficultés socio-économiques alors qu'ils se sont révélés incapables sur le terrain d’apporter une réponse crédible à la morosité ambiante. Car au - delà de la méfiance, c'est bien le sentiment d'impuissance qui domine.

Le fonctionnement de la démocratie est également jugé négativement par 57% des sondés. Et pourtant un grand nombre de nos concitoyens déclarent un intérêt pour LA politique.

Simplement, le paysage politique est devenu incompréhensible pour le citoyen lambda avec la multiplication des fonctions et institutions. La proximité n'est qu'un leurre avec le cumul quasi généralisé des mandats et autres casquettes. Bon nombre d'élus, bien que le dénonçant hypocritement par ailleurs, sont devenus de véritables professionnels de la politique. Comment serait -il possible de maintenir une activité professionnelle quand on est maire, conseiller général, député... ? Quel lien maintient - on avec la réalité quotidienne des gens ? Quelle disponibilité réelle peut - on accorder aux dossiers à traiter ? Et notre département est un magnifique exemple de verrouillage démocratique !

Un autre chiffre, bien peu repris évidemment, c'est celui de la méfiance vis - à vis de la presse à 67%. Dont on connaît les accointances, parfois, avec le pouvoir. La presse qui nous abreuve d'émissions sur la présidentielle de 2012,  18 mois avant, qui fait des plans sur la comète autour de candidats non déclarés, qui relève, jour après jour, les petites phrases de tel ou tel, oubliant l'essentiel de l'actualité, le sens même du mot information ou enquête. Ces mêmes travers peuvent également être retrouvés localement avec un écueil supplémentaire : le manque de diversité d'expression politique dans notre presse départementale. Car oui, le déficit du nombre d'outils de presse favorise une expression uniforme. Car oui, du coup, il est alors possible de relayer une information, un message sans contradicteur. Personnellement, je suis profondément attachée au pluralisme tant médiatique que politique. C'est à cela que l'on juge qu'une démocratie est saine.

Alors, à moins de deux mois des élections cantonales, cette étude du CEVIPOF sonne comme un avertissement pour les candidats : «La grande défiance des Français peut se traduire soit par un vote protestataire, soit par une poussée de l’abstention".

C'est une crainte que je partage pleinement.

 

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